« Monsieur le Secrétaire Général de l’Enseignement Catholique, Madame la Présidente de l’Association protestante pour l’Education et l’Enseignement, Monsieur l’Inspecteur Général Bernard TOULEMONDE, Monsieur Ghaleb BENCHIKH, Mesdames, Messieurs les responsables des établissements privés musulmans,
Aujourd’hui, un an après la création de la Fédération Nationale de l’Enseignement privé Musulman (FNEM) le 22 mars 2014, ici-même, s’ouvrent les premières assises nationales de l’enseignement privé musulman.
J’ai le grand honneur et l’immense bonheur d’ouvrir ces assises, de vous y accueillir et de vous y souhaiter la bienvenue au nom de tous ceux qui ont créé notre fédération et de tous ceux qui s’emploient maintenant depuis un an à promouvoir l’enseignement privé musulman de France.
Je tiens à vous remercier tous de votre présence et je voudrais particulièrement remercier les invités et les intervenants qui nous font l’honneur de leur présence :
Monsieur Pascal BALMONT, Secrétaire Général de l’Enseignement Catholique. Monsieur le Secrétaire Général, je vous remercie, chaleureusement et fraternellement, de votre présence aujourd’hui à nos côtés, fortement symbolique à nos yeux.
Madame Edith TARTAR-GODDET, Présidente de l’Association Protestante pour l’Education et l’Enseignement qui va nous parler des établissements privés protestants. Merci de votre présence Madame.
Monsieur Patrick PETIT-OHAYON, Directeur de l’Enseignement Juif n’a pu être présent ce jour, mais nous a adressé un message qui vous sera lu dans quelques instants.
Nous avons ouvert avec nos homologues des enseignements confessionnels, catholiques, juifs et protestants, une ère de relations étroites, chaleureuses et empreintes de respect mutuel.
Permettez-moi après l’accueil de nos invités de vous remercier à nouveau de votre présence à cette manifestation si importante pour l’enseignement privé musulman.
Mais pourquoi de telles assises ?
Un an après sa création, le bureau de la FNEM et moi-même avons tenu à faire devant vous un premier bilan d’activités de notre fédération, rappeler les enjeux comme les défis de l’enseignement privé musulman, délivrer un message politique sur son engagement dans le paysage éducatif français au travers et à la suite des moments terribles que la France a connus au début janvier 2015, et construire devant vous et avec vous l’avenir de l’enseignement privé musulman de France.
Quel bilan donc depuis notre création ?
Dès le 1er juin 2014, nous avons organisé à Saint-Denis à l’Institut des Sciences Humaines un séminaire de formation à l’intention de tous ceux et celles, –et ils étaient une cinquantaine-, qui avaient déjà ouvert une école, un collège, un lycée ou qui portaient un tel projet imminent d’ouverture. Cette formation intitulée « Créer un établissement scolaire musulman », qui répondait à une forte attente, fut fructueuse et a permis de « mettre sur les rails » des ouvertures en 2014, en 2015 et en 2016.
Puis le 25 novembre 2014, premier signe de notre reconnaissance officielle, une délégation de la FNEM était accueillie au Ministère par le directeur de cabinet de la Ministre puis reçue par son conseiller politique. Ce premier contact, ouvert et chaleureux, nous permit de comprendre que la structuration de l’enseignement musulman était espérée, attendue et encouragée par le Ministère de l’Education nationale.
Notre reconnaissance officielle fut actée le 20 janvier par notre participation à la réunion qu’organisa la Ministre après les terribles et horribles attentats de janvier 2015 avec l’ensemble des fédérations représentatives de l’enseignement privé sous contrat, pour nous appeler à participer à ce grand élan national de lutte contre les extrémismes religieux qui nuisent à la cohésion nationale.
Notre audience auprès du directeur général des finances chargé de l’enseignement privé puis notre présence à la Sorbonne aux vœux du Président de la République au monde éducatif consacrèrent définitivement notre entrée dans le paysage éducatif français et la représentativité de la FNEM auprès des pouvoirs publics.
Encore la semaine dernière, j’étais au nom de la FNEM à la Sorbonne pour les assises de la laïcité et mercredi dernier au cabinet de Madame la Ministre où je fus reçu par son conseiller politique.
Par cette reconnaissance, le ministère entend que l’enseignement privé musulman soit organisé et géré comme les autres enseignements confessionnels. Nos échanges ont d’ailleurs permis de faire le point sur la liste et le nombre d’écoles et d’établissements scolaires recensés officiellement par la sous-direction de l’enseignement privé en fonction de leur date d’ouverture enregistrée par les rectorats. Je reviendrai plus loin sur ces établissements.
Pour finir avec cette année d’installation et d’institutionnalisation de la FNEM, indiquons qu’à travers les réunions régulières de son bureau, les déplacements du président dans les villes où des porteurs de projets d’ouverture l’appelaient, dans les rencontres à l’occasion de colloques ou d’autres manifestations (comme le rassemblement annuel des musulmans de France au Bourget), notre fédération s’est imposée auprès des musulmans de notre pays comme la référence de l’Ecole (avec un grand E) musulmane de France.
Non pas comme une Ecole coranique mais comme une Ecole française dispensant les programmes officiels de l’éducation nationale, répondant aux horaires réglementaires, s’insérant dans le tissu éducatif local, avec son caractère propre que lui confère le projet éducatif s’inspirant des valeurs de l’Islam et des valeurs de notre République.
L’enseignement privé musulman de France s’inscrit donc pleinement dans la République qui, en consacrant la séparation des Eglises et de l’Etat, a reconnu valeur constitutionnelle à la liberté d’enseignement.
L’enseignement privé musulman entend ainsi, aux côtés des autres enseignements confessionnels sous contrat d’association avec l’Etat, concourir au service public d’éducation.
Nos établissements scolaires ont vocation, par l’enseignement et l’éducation qu’ils dispensent, à former des hommes et des femmes
libres et responsables en développant leurs facultés intellectuelles, leur esprit critique et leur sens des valeurs par l’acquisition des connaissances, des méthodes et des attitudes qui contribuent à leur épanouissement personnel, à leur intégration dans la Cité et à leur insertion professionnelle.
Aussi, nos établissements se sentent-ils totalement concernés, impliqués et partie prenante dans la campagne nationale initiée par le Premier Ministre pour lutter contre le racisme, et l’antisémitisme.
De même, alors que notre pays a été profondément marqué par les lâches attentats contre les journalistes de Charlie Hebdo et les clients de l’Hyper Cacher de la Porte de Vincennes, en même temps qu’étaient pointés du doigt les musulmans de France, nous prenons et nous prendrons toute notre part à toutes les actions visant à lutter contre le radicalisme et l’islamophobie.
L’enseignement privé musulman a pour ambition de former dans l’espace public des citoyens éclairés et responsables, des femmes et des hommes qui ont réussi leur vie sociale et leur vie professionnelle et dans la sphère privée de bons musulmans dont la compréhension de la religion s’inspire d’un Islam authentique et d’un islam du juste milieu.
Ce sera la force et la réussite de l’enseignement musulman que de concilier les valeurs de la République et les valeurs de l’Islam.
Que représente actuellement cet enseignement musulman ?
Trois établissements sont associés à l’Etat : le premier depuis 1947 à Saint Denis de La Réunion, l’école primaire La Medersa avec 220 élèves.
Le second, le lycée Averroès de Lille sous contrat depuis 2008, avec plus de 330 élèves.Et l’ouverture du collège en 2012.
Le troisième, le lycée Al-Kindi à Décines-Charpieu près de Lyon, sous contrat depuis 2012, avec plus de 100 élèves et son collège depuis 2012.
Aux côtés de ces trois établissements, de nouveaux établissements ouverts depuis plus de cinq ans ont sollicité auprès de leur autorité préfectorale leur association avec l’Etat : Le collège la Réussite à Aubervilliers, l’école la plume à Grenoble, Le collège Alif à Toulouse, le collège Ibn Khaldoun de Marseille et le collège Education et Savoir de Vitry sur Seine …pour lesquels nous fondons les plus grands espoirs de voir leur demande aboutir pour la rentrée scolaire 2015.
Enfin, officiellement recensés par le ministère de l’éducation nationale, 31 autres établissements et écoles primaires, représentant environ 3 000 élèves, sont ouvertes hors contrat et aspirent pour la plupart d’entre eux à être associés à l’Etat.
Mais nous avons aussi connaissance d’une cinquantaine de projets d’ouverture d’écoles, de collèges ou lycées dans les années qui viennent. C’est dire le développement rapide de l’enseignement privé musulman en France, répondant à une forte attente de la communauté. En utilisant le vocabulaire administratif, c’est dire le besoin scolaire reconnu de cet enseignement, besoin scolaire qui peut et doit à terme justifier son association avec l’Etat.
Aussi, notre fédération attend-elle un dialogue ouvert, transparent et fructueux avec l’Etat pour porter les demandes des écoles et des établissements scolaires musulmans qui déposent auprès des pouvoirs publics leurs dossiers d’association avec l’Etat.
Et au moment où l’Islam est l’objet de toutes les attentions de la part des plus hautes autorités de notre pays, nous espérons que ces demandes aboutiront dès lors que les conditions requises pour passer sous contrat d’association avec l’Etat seront remplies.
Aussi souhaitons-nous que soient recommandée aux préfets une attention particulièrement bienveillante à ces demandes.
Aussi, attendons-nous que soient donnés à ces nouveaux établissements comme à ceux déjà sous contrat les moyens correspondants à leurs besoins dans une dotation spécifique, fléchée par le Ministère et répartie entre les académies après la consultation de notre fédération.
La charte de la FNEM qui établit les principes fondateurs de l’enseignement privé musulman de France offre à nos établissements musulmans le cadre scolaire et le projet éducatif qui sont à la fois le gage de leur adhésion aux valeurs du service public d’éducation, le garant de leur insertion dans le paysage éducatif et le meilleur rempart contre les exclusions et les extrémismes.
Cette charte est donc aussi notre engagement envers l’Etat
Nous appelons également de nos vœux un partenariat étroit avec les autres enseignements confessionnels privés associés à l’Etat, pour mener ensemble non seulement un dialogue interreligieux entre nos établissements, nos enseignants et nos élèves mais aussi initier des actions communes qui fassent se rencontrer, se connaître, se reconnaître nos élèves dans le partage d’un idéal commun de fraternité et de paix.
La Fédération Nationale de l’Enseignement privé Musulman, par les assises qu’elle organise aujourd’hui pour la première fois, veut montrer à la nation française combien l’Islam de France.